Retour sur l'IndieCamp 2

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4 avril 2022 - Cécile Favé-Urbanet

Qu’il est bon de se retrouver de visu après six mois d’interactions à distance !

Dissiper la brume, révéler le chemin

Après un premier IndieCamp en juillet 2021, prototype d’un séminaire interne version déconfinée, le collectif s’est retrouvé du 1er au 4 mars du côté de Charleville-Mézières dans une étonnante bâtisse surplombant la ville.

Il a fait froid, il a fait beau, et l’électricité a souvent manqué en raison d’un contrat d’abonnement spécifique qui a forcé un peu plus la question de la sobriété énergétique pour IndieHosters… !

Ce rendez-vous s’inscrit dans les agendas tous les six mois. C’est le moment de se retrouver, de nouer plus fort les relations, dénouer les tensions, et harmoniser les élans d’action.

C'est parti pour un nouvel IndieCamp !

Peut-être l’aviez-vous lu dans l’article précédent, le collectif travaille quasi exclusivement en distanciel, avec des rendez-vous synchrones hebdomadaires pour assurer la bonne tenue des services et soigner la communauté des contributeurs. S’offrir une petite semaine de cohabitation semble être la manière la plus naturelle pour celleux qui font Indie Hosters d’ancrer leurs pratiques collaboratives dans un terreau de curiosité pour l’autre, et de convivialité.

Depuis l’été, la membrane du collectif a évolué, avec des mouvements planifiés et d’autres plus spontanés! Hugo a officiellement créé son activité, Paul a lancé les Indie Kafé, Maroin s’est extrait pour répondre positivement à une sollicitation professionnelle qu’il ne pouvait pas décemment refuser, Tim a accueilli un enfant et profité de son congé, Anne-Sophie est arrivée par une porte dérobée… Là, c’est Cécile qui raconte : je suis l’accompagnatrice du groupe sur ces IndieCamps.

Jour 1 - Intégrer et célébrer

Ainsi, après une demi-journée de gestion logistique et une soirée passée à jouer, le collectif composé de Tim, Max, Anne-Sophie, Paul, Hugo et Pierre s’est laissé embarquer par la proposition d’animation concoctée par mes soins. Au programme de cette première journée de travail : l’intégration des nouveaux et nouvelles, et la rétrospective des six mois passés.

Paul n’avait pas pu participer aux journées de travail de juillet dernier, Anne-Sophie, elle, a intégré le collectif cet hiver ; il s’agissait donc de prendre soin de leur partager les informations dont ils pouvaient avoir besoin pour contribuer aux réflexions stratégiques à suivre.

Nous avons commencé par ouvrir une séquence de partage « Petite Histoire Grande Histoire », une animation issue des pratiques de l’éducation populaire qui place l’intime et le politique au centre des discussions. C’est un exercice qui, en demandant à chaque participant·e de raconter des jalons importants de son parcours intellectuel et/ou militant, permet de mettre à jour les représentations individuelles et de saisir avec sensibilité ce qui fait qu’on est là ensemble, réunis pour créer et porter quelque chose qui nous ressemble.

Si ce qui s’est dit n’a pas vocation à être exposé en dehors de la membrane de l’équipe, on peut tabler sur le fait que l’identité du collectif s’est renforcée à mesure que chacun·e se reconnaissait dans les partages des autres.

Après cette séquence riche, nous avons entamé notre rétrospective semestrielle. Il s’agit d’une pratique déjà bien ancrée dans le collectif depuis novembre 2020, à l’époque où Maïa et Maroin animaient cette séquence à distance. Elle permet de célébrer les réalisations et de mesurer les chantiers abandonnés ou suspendus en cours de route. C’est le temps de l’observation et de l’appréciation… L’analyse se fera plus tard.

Après un moment solo pour rassembler ses idées, des sous-groupes se forment par métier pour mettre en commun et préparer une restitution qui présente : ce qui a été accompli / ce qui n’a pas été réalisé / ce que ça leur fait.

Clap, clap, clap, c’est le doux son de la célébration… On laisse filer le passé petit à petit, et les sujets critiques pour la suite commencent à pointer leur nez.

Il reste encore à aborder un sujet plus personnel, les projections à moyen/long terme dans le collectif. Anne-Sophie a dû rejoindre ses pénates, déjà, engagée dans d’autres activités professionnelles qui contraignaient, pour cette fois, sa participation pleine.

La suite se passe au grand air, dans un champ avec vue… Un peu de perspective visuelle pour soutenir la réflexion personnelle et le partage potentiellement vulnérable qui peut se présenter. Organisation du travail, rémunération, craintes et espoirs. La confiance est suffisamment présente pour que chacun ose livrer ses projets pour lui-même. Dans un collectif de travail, l’interdépendance est forte et souhaitée, elle suppose par conséquent de cultiver la transparence et l’authenticité afin de réduire les incertitudes, celles sur lesquelles on a la main…

Hugo, Maxime, Paul, Tim, Pierre et moi :) Anne-Sophie était malheureusement déjà partie, ce sera pour la photo de la prochaine édition promis (!)

Jour 2 - Libérer et discuter

Voilà le groupe plein d’élans pour se projeter dans l’avenir. La journée démarre en imaginant les accomplissements de l’équipe dans deux ans, à la façon de la méthode Souvenir du futur. L’exercice permet à chacun de contribuer et de livrer sa vision personnelle sur les quatre parcelles du jardin IndieHosters : organisation collective, bordures, tech, contributions.

Dans ma posture d’animatrice, cette journée ressemble à un exercice de funambule : le processus prévu pour soutenir la mise en débat est volontairement léger car le collectif est très mature dans sa capacité à débattre de sujets chauds et/ou politiques. Le plus délicat, comme pour la plupart des collectifs qui cultivent l’horizontalité, c’est d’atterrir et décider.

Parcelle après parcelle, on déplie les sujets, on observe, on prend note de là où ça tire, là où c’est fluide. Cahin-caha, la parole se libère, la pensée se développe jusqu’à toucher par moments, la fatigue aidant, l’incompréhension.

L’organisation en tant que collectif de travail, les transactions symboliques et réelles qui fondent la question de la contribution, le soin à la communauté liiibre et du logiciel libre en général, les envies, les limites…. A tant creuser les sujets, on a accès aux profondeurs… En interrogeant les développements possibles de Liiibre, le service offert par IndieHosters, le collectif considère son adhésion à la philosophie des Communs, son souci de cohérence, ses interdépendances, ses envies de piraterie (pardon? eh bien oui). Le sens politique de leurs décisions ne leur échappe pas, c’est même le ferment, me semble-t-il, de leur collaboration. Le collectif et l’activité grandissant, il s’impose à eux de réinterroger leurs orientations stratégiques, et d’examiner ceux de leurs positionnements qui seraient devenus obsolètes.

Le temps presse et les conditions ne sont pas réunies pour trancher. Il est décidé de mettre en débat plus largement les sujets qui divisent en faisant appel au fraîchement nommé Conseil des Communs qui se réunira pour la première fois en 2022.

Or ne pas décider, c’est déjà décider ! Le report à plus tard, avec une vraie préparation, permettra à tout le monde de préciser sa vision et ses arguments. Vivement ce moment.

Les esprits quelque peu échauffés n’en fournissent pas moins des propositions de qualité : au fil de la journée, nous voyons affleurer les tâches et chantiers à ouvrir… Le lendemain, nous remplirons le mandala stratégique qui structure les activités pour les six mois à venir, il faudra encore préciser, trier, prioriser…ce par quoi commencer.

Une visite au village pour faire le plein de gluten sous toutes ses formes nous permet de souffler et goûter aux charmes d’un village ardennais aux prémisses du printemps.

Comme dirait Framasoft, "La route est longue, mais la voie est libre" alors continuons !

Jour 3 et 4 - Converger

La fin de l’accompagnement est proche, c’est le jour de l’atterrissage… Il reste une parcelle à examiner : la Tech. Il se dit qu’il y aurait moins de dissensus sur cette parcelle-là. Les trois développeurs/admin sys s’attellent à la mise en mots des développements souhaités pour les deux années à venir. Dehors, le soleil brille. On n’y résiste pas.

Le soleil était avec nous ce jour là

Après des discussions à horizon deux ans, il convient - et c’est une gymnastique en soi, de transformer ces projections en actions concrètes à réaliser dans les 6 prochains mois. C’est la seconde fois que le collectif balise son chemin de la sorte en remplissant un canevas : le fameux « mandala stratégique ». Tous les mois, les activités sont repilotées grâce à un tableau de bord collaboratif en ligne sur l’app deck ce qui donne de la visibilité sur tous les chantiers en cours.

Le niveau de dialogue demandé par la mise à jour du mandala est exigeant : métier par métier, les activités sont précisées et triées. Cette séquence de convergence s’appuie sur la capacité du groupe à affirmer des orientations et processer ses dissensus. Cela est rendu possible par le temps relativement long consacré la veille à la mise en débat des diverses perspectives.

Dans un environnement aussi incertain que celui de mars 2022, nous ne travaillons pas à définir classiquement des objectifs mais nous tâchons de cerner les directions pertinentes pour la pérennité de la structure et de son offre. L’exercice permet à chacun·e de renforcer son engagement grâce au partage sincère et transparent des réalités métier. En filigrane, ping pong et pizzas détendent les dernières crispations que le collectif traverse en ce jour 3.

Tim en train de poser une proposition d'action sur le mandala stratégique

Après un temps de relâche, le groupe se remet au travail lors d’une session autour de Dokos : leur nouveau système de gestion interne mis en en place fin 2021. Cette dernière soirée tous ensemble était bien méritée !

Le lendemain et dernier jour, il faut encore remettre l’ouvrage sur le métier : le collectif a testé l’an passé d’évaluer le temps requis par chaque action (= « ticket ») pour mieux prioriser et se répartir le travail. Si cela avait demandé de longs échanges la première fois, cette fois-ci l’expérience a permis de formuler des hypothèses plus rapidement, et de se quitter avec une conscience aiguë du travail attendu, et de la clarté sur ce que chacun doit prendre en charge.

Sans compter les ventres repus et les souvenirs joyeux qui font que cet IndieCamp v2 valide aussi bien la fréquence choisir que le format. On se quitte pour 6 mois, et je me demande déjà quelle sera la tonalité de notre prochaine semaine ensemble. Hâte !

Bienvenue sur le blog de IndieHosters

Merci pour l'intérêt que vous portez aux aventures de notre collectif. Nous déposons ici nos réflexions et partages d'expériences au fil de l'eau. Ceci dans l'espoir de favoriser l'essaimage d'initiatives qui défendent un internet plus libre. Voir tous nos articles  

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